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On chuchote dans les salles d'exposition du Musée d'Orsay. Les oeuvres érotiques exposées sont osées! En 2014, les visiteurs sont choqués!
A l'entrée de l'exposition "Sade, attaquer le soleil", un avis informe le visiteur que "le caractère violent de' certains documents est capable de heurter la sensibilité".
Il peut nous paraître sidérant, rétrospectivement que l'éditeur Jean-Jacques Pauvert qui entreprit en 1949 la réédition des oeuvres de Sade, fut traîné en justice et suspendu de ses droits civiques...
Voici un extrait du "Nouvel observateur":
A linverse, on ne sétonnera pas de lomniprésence des surréalistes (Max Ernst, Hans Bellmer, André Masson, Picabia, Man Ray) qui se jetèrent à corps perdu dans cette grande machine où le désir est mis à nu, prétexte aux délires les plus insensés et les plus novateurs. Alors que leurs prédécesseurs étaient surtout des illustrateurs de thèmes empruntés à lantiquité (un grand classique : Judith décapitant Holopherne) ou à des épisodes religieux (autre grand classique : le martyre de saint Sebastien), les amis dAndré Breton ont pulvérisé les dogmes, alliant linvention plastique (ainsi : les corps chamboulés de Bellmer) à des explorations érotiques sans frontière. Au passage, on sétonnera de la faible représentation dans lexpo de Salvador Dali (un dessin et une gravure seulement) alors quune quinzaine duvres de larchitecte et dessinateur Jean-Jacques Lequeu sont montrées.
Sade, un "inventeur"
Quoi quil en soit, au sein de ce tohu-bohu visuel et graphique on finit par admettre lidée que Sade, au fond, nest quun accompagnateur de cette exposition. On sait quil na rien inventé (le théâtre de la cruauté le précède dans lhistoire de lhumanité). Mais, et cest là que sa démarche est commune avec celle des artistes, il est un "inventeur" au sens où ses écrits visent à exprimer, à révéler, ce qui ne saurait être montré ou dit. Les peintres, les sculpteurs, les photographes ont suivi le même chemin, entre érotisme et cruauté.
Le dernier mot revient ici à lécrivain. Dans ses "Notes pour la vérité", il affirme : "On évalue à plus de 50 millions dindividus les pertes occasionnées par les guerres ou les massacres de religion. En est-il une seule dentre elles qui vaille seulement le sang dun oiseau ?" Ces lignes ont été rédigées en 1787. Sade serait étonné sil revenait sur terre : les guerres se poursuivent. Et les oiseaux disparaissent.
Bernard Géniès - Le Nouvel Observateur
J'ai bien l'intention d'aller voir cette expo... pour m'instruire!
:D
PS : J.J. Lequeu le bien nommé :)